Petit lexique théâtral

Masques

PETIT LEXIQUE THÉÂTRAL

Deux dictionnaires formidables ont été utilisés pour produire ce petit lexique :

  • Patrice Pavis, Dictionnaire du théâtre, édition Dunod, 1996 : excellent pour tout ce qui est notionnel.
  • Michel Corvin, Dictionnaire encyclopédique du théâtre (en deux tomes), Larousse, 1995 : très bien pour l’histoire du théâtre, les personnalités qui ont compté dans son histoire etc

Comédie : attention ! le mot « comédie » désigne anciennement toute pièce, indépendamment de son genre. Pour le reste, depuis la seconde vous savez ce qu’est une comédie…

Commedia dell’arte : genre théâtral italien dont les origines peuvent être situées au milieu du XVIème siècle et qui a survécu jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. L’arte c’est l’art, le savoir-faire, la technique et désigne le fait que les comédiens étaient des professionnels. La commedia dell’arte est une création collective improvisée à partir d’un canevas (une trame) très sommaire. Chaque acteur occupe un rôle (qui est une convention) et a donc une série de lazzi (= mimique, jeu comique ) à déployer sur scène. Les personnages ridicules comme Pantalone (vieillard comique) ou Arlecchino (valet paresseux et gourmand) portent des masques, à l’inverse des amoureux, personnages plus sérieux. En commedia dell’arte, l’accent est mis sur la maîtrise corporelle, la vivacité et l’à-propos gestuel et verbal. Les comédiens de commedia dell’arte sont souvent des virtuoses.

Convention : 1° contrat passé entre l’auteur et le public selon lequel le premier compose et met en scène son œuvre d’après des normes connues et acceptées par le second. 2° La convention comprend tout ce sur quoi salle et scène doivent tomber d’accord pour produire la fiction théâtrale et le plaisir du jeu dramatique.  3° exemple de convention ludique : dans une mise en scène de Peter Brook aux Bouffes du Nord, un porte-manteau devenait un téléphone. 4° Une convention peut s’imposer et devenir une norme. C’est alors aux créateurs de briser cette uniformité. Mais le fait de briser cette uniformité, qui étonne d’abord le public, peut se transformer à son tour en norme. Exemple : dans les mises en scène actuelle, le nu ou la vidéo sont beaucoup utilisés, et ce qui a pu paraître subversif devient aujourd’hui une norme.

Dramaturgie : le premier sens est classique puisqu’il correspond à « l’art de la composition des pièces de théâtre » (Littré). Le dramaturge est donc d’abord celui qui compose des pièces de théâtres.

Mais le sens moderne de dramaturgie correspond à cette activité du dramaturge qui consiste à dégager les significations complexes du texte en choisissant une interprétation particulière afin d’orienter le spectacle dans le sens choisi. La dramaturgie est alors l’ensemble des choix esthétiques et idéologiques que l’équipe du spectacle a été amenée à faire. Le dramaturge est amené à effectuer des recherches de documentation sur le texte et peut adapter le texte (suppressions, collage etc).

L’emploi allemand du mot désigne le conseiller littéraire et théâtral attaché à une troupe, à un metteur en scène ou un théâtre.

Mise en scène : notion récente car elle ne date que de la deuxième moitié du XIXème siècle. À cette époque, le metteur en scène devient le responsable officiel de l’ordonnance du spectacle (auapravant c’était le régisseur ou l’acteur principal qui réglait le spectacle). La mise en scène consiste à transposer l’écriture dramatique du texte en une écriture scénique. Le metteur en scène décide du lien entre toutes les composantes de l’art théâtral (jeu des comédien-ne-s, éclairage, scénographie, musique, costumes etc). La mise en scène doit être lue par les spectateurs comme autant de signes – idéologiques, politiques, artistiques, poétiques, dramatiques – à analyser.  

Esthétique du tableau : inventée au XVIIIème siècle par Diderot, cette esthétique se construit en rapport avec une vision picturale de la scène dramatique. Son inventeur écrit que c’est « une disposition des personnages sur la scène, si naturelle et si vraie que, rendue fidèlement par un peintre, elle me plairait sur le tableau. ». Chez Diderot, le tableau est un moment de concentration dramatique, où les émotions sont à leur comble.

Plateau : espace scénique où évoluent les acteurs et où s’implante le dispositif scénique nécessaire au jeu. On parle de « machinistes de plateau » pour les techniciens oeuvrant à la construction d’un spectacle.

Quatrième mur : mur imaginaire séparant la scène de la salle. Dans le théâtre illusionniste, le spectateur est censé observer les personnages sur scène comme si ces derniers « vivaient leur vie » derrière une cloison translucide, sans tenir compte de la salle.

Servante : ne désigne pas ce que vous croyez (la servante de comédie !) mais un accessoire de théâtre. C'est une lampe posée sur un haut pied qui reste allumée quand le théâtre est plongé dans le noir, déserté entre deux représentations ou répétitions.

Scénographie : au sens moderne, c’est la science et l’art de l’organisation de la scène et de l’espace théâtral. Mais c’est aussi, par métonymie, le décor lui-même. Aujourd’hui, la scénographie n’est plus conçue comme illustrative (le palais dans lequel se jouerait telle ou telle tragédie), mais comme un dispositif propre à éclairer le texte. L’idée est que la scénographie entre en écho avec le travail dramaturgique fait sur le texte.

Théâtre dramatique : théâtre de la dramaturgie classique, du réalisme et du naturalisme, où la tension progresse jusqu’à un dénouement, qui suggère que le spectateur est captivé par l’action.

Théâtre épique : Brecht donna ce nom à une pratique et à un style de jeu qui dépassent la dramaturgie classique, « arstotélicienne », fondée sur la tension dramatique, le conflit, la progression régulière de l’action. Les chœurs des tragédies grecques ou les Mystères médiévaux (racontant des épisodes de la Bible) contiennent déjà de l’épique, puisque le récit avait une place centrale. Le théâtre épique c’est donc, à l’inverse du théâtre « dramatique », un théâtre où l’on raconte au lieu de montrer et où l’on connaît la fin de l’histoire dès le début - ce qui permet de briser toute montée de la tension afin de mettre à distance les évènements racontés. La présence d’un narrateur est une convention typique du théâtre épique, qui cherche à conscientiser le spectateur et lui révéler les processus théâtraux, sociaux et politiques à l’œuvre.