N'ENTERREZ PAS TROP VITE BIG BROTHER de D.Ksikes, m.e.s. C.Marnas
Le 10/12/2013 à 00:00
Cinq personnages en quête de mémoire se retrouvent à l’initiative d’une geek de 20 ans, grâce aux réseaux sociaux, autour d’un traumatisme commun : l’incendie de leur immeuble, vingt ans plus tôt. Cette utopie réunissait sous le même toit plusieurs étages d’individus. C’est une métaphore d’une société plurielle en pleine ébullition et révolte, à l’unisson des « printemps arabes ». Les orphelins de l’immeuble 48 cherchent à recréer ce paradis perdu. D’une rencontre amicale et anodine, les protagonistes entrent subrepticement dans une forme « d’inquisition citoyenne » sur les espaces virtuels. Un jeu que sous-tendent de lourdes questions existentielles : qui a mis le feu à leur Babel ? Pourquoi la révolte s’est-elle éteinte ? Est-on réellement libre ou conditionné à le croire ? Le monde virtuel peut-il sauver le monde réel quand celui-ci s’effondre ? Et qui est-on au juste, une fois tous les artifices mis de côté ?
« Dans un voyage émaillé d’échanges violents, hachés, je compte interroger l’impossible reconstitution de l’utopie babélienne et l’improbable accès au paradis du vivre ensemble. Sans moralisme aucun, je cherche principalement à voir comment des êtres livrés à eux mêmes s’accommodent du désenchantement et, au passage, se construisent des cadres, de croyance ou d’action, rassurants pour ne pas errer. Mon but est d’aboutir à un théâtre d’idées incarné dans une histoire vivante et tumultueuse, tirée par des personnages en combat permanent contre eux mêmes. » Driss Ksikes
« Faire connaître les écritures théâtrales arabes actuelles, les jeunes metteurs en scène et acteurs arabes, semble aujourd’hui plus que jamais important. J’ai donc passé commande d’un texte à un auteur marocain, Driss Ksikes auquel j'ai donné une contrainte de distribution et un thème : « Comment entrer dans la vie aujourd’hui, ici, là-bas? ». Driss a répondu : « Sommes-nous vraiment libres dans un monde aussi complexe et aliénant? (...) les êtres ne sont pas liés verticalement à une racine, mais horizontalement à un réseau de relations et d’intersubjectivités qui les entraînent là où ils s’y attendent le moins. » Ce sont ces rhizomes que nous aimerions créer en confrontant les langues, les corps et les vécus différents sur un même plateau. » Catherine Marnas
En plus d’être un auteur de théâtre, de nouvelles et de romans, Driss Ksikès est une personnalité engagée de la vie publique marocaine. Il s’est notamment fait connaître alors qu’il était rédacteur en chef de l’hebdomadaire marocain TelQuel, puis directeur de la publication de Nichane (version en arabe de TelQuel). Il s'est retiré de son poste de rédacteur en chef de Nichane après sa condamnation pour « atteinte à la monarchie et à l'islam » au Maroc suite à un dossier paru en 2006 dans Nichane parlant de « l'humour des Marocains » et présentant des blagues jugées insultantes pour la monarchie et l'islam.
A voir sur le site theatre-video.net, un entretien avec Driss Ksikes
Sur le site arte.tv, un portrait de Driss Ksikes
Lien vers la présentation du spectacle sur le site de la Friche Belle de Mai à Marseille